La neuvième coupe du monde et la vingt-quatrième coupe d’Europe des clubs champions se sont déroulées les 6 et 7 septembre 2014 à Innsbrück en Autriche. les deux équipes françaises présentes, Clermont-Ferrand en féminin et Poitiers en masculin, si elles se sont toutes les deux hissées jusqu’au carré final de leur épreuve respective, ont connu des fortunes diverses.
Cette compétition officielle de la fédération internationale des sports pour aveugles (IBSA) a été fort bien organisée. Dans cette ville autrichienne olympique, le Torball a eu le droit à deux hébergements de qualité et d’un complexe sportif à toute épreuve. les équipes qui avaient la chance d’être logées dans le même bâtiment que le gymnase ont bénéficié des meilleurs conditions de confort entourant la compétition elle-même.
Le vendredi 5 septembre, outre l’accueil des équipes, était prévue une cérémonie d’ouverture organisée sur la grande place de l’hôtel de ville. Bien que sous la pluie, cette cérémonie avait une autre tenue et valeur que celle prévue la saison précédente en belgique à Anvers qui n’en méritait même pas le nom. Les Clermontoises arrivées juste à temps après de longues heures de route en minibus pour participer à ce regroupement sont restées ensuite assez longtemps sans information précise sur l’organisation. Il faut dire que 17 heures était bien tôt pour les équipes arrivant de loin un vendredi.
Du samedi matin au dimanche en fin d’après-midi, les 9 équipes masculines et les 7 formations féminines se rencontraient sur deux terrains situés dans la même salle et séparés par des rideaux. Ce fut d’ailleurs la seule faiblesse technique de cette organisation. En effet, si le jeu de deux matchs en même temps ne gênait pas la pratique, de nombreuses rencontres ont été interrompues pour laisser notamment le calme revenir lors d’applaudissements ou de cris de l’autre terrain. Certes, on l’a vu souvent sur d’autres compétitions internationales officielles dans le passé, mais quand cette simultanéité se perdure jusqu’au match pour la troisième place et que le bon déroulement des demi-finales est perturbé par le bruit, cela devient excessif.
L’épreuve féminine regroupait 6 nations et 7 équipes. Il y avait deux clubs autrichiens qualifiés, Tirol en tant qu’organisateur et Graz en tant que champion autrichien ou suivant, le champion d’Europe en titre étant l’équipe de Vorarlberg, absente cependant et malheureusement de cette compétition. On retrouvait des équipes habituées aux joutes européennes : Mol de Belgique et l’éternelle Bolzano d’Italie. Dortmund représentait l’Allemagne. Enfin, c’est avec un grand plaisir que l’on retrouvait une sélection de Russie qui réhaussait le niveau féminin assez terne et rajeunissait largement le plateau.
Dès la première journée du samedi, les quatre équipes qui formeront le dernier carré se sont positionnées. les Russes montraient le meilleur visage en remportant autant de victoires que de matchs. Les Belges de Mol suivaient à deux points s’assurant presque l’accès aux demi-finales. Clermont après un premier match compliqué face à Mol, revenait bien dans sa compétition et avait trois matchs le lendemain pour achever favorablement ces qualifications. Enfin, l’organisateur, Tirol, grapillait les points où il fallait pour espérer le carré final.
Le dimanche, ces quatre équipes finissaient le travail. Seul l’ordre du classement s’inversait entre Mol et Clermont-Fd. En effet, les Belges perdaient curieusement leur match contre Tirol alors que les Clermontoises réalisaient une belle matinée en alignant trois victoires sur trois matchs. Surtout, les Auvergnates infligeaient leur seule défaite de la compétition aux Russes. Ce sont donc des demi-finales sans surprise auxquelles nous avons assisté.
Ces demi-finales n’ont pas présenté la moindre once de suspense. L’équipe nationale de Russie ne faisait qu’une bouchée des Autrichiennes du Tirol. On a même cru que la nouvelle règle de l’écart de 10 buts au score qui fait arrêter le match avant son terme allait être appliquée. mais les Russes se sont contentées d’un 9-2. De leur côté, les Clermontoises savent désormais que les belges de Mol sont leur bête noire. Déjà battues en qualification avec un écart de 6 buts au score, le 7-1 de cette demi-finale ne fut que la répétition du premier match. Certes Clermont-Ferrand peut se consoler en se disant que Mol est la seule équipe à les avoir battu et d’un autre côté, Clermont-Ferrand est la seule équipe à avoir défait les Russes, cependant au final, la Russie est championne du monde !
En effet, alors que les Clermontoises surmontaient leur déception des demi-finales et parvenaient non sans mal mais en toute logique à prendre le meilleur sur les Autrichiennes du Tirol, la finale féminine offrait un grand spectacle de Torball féminin. La Russie et Mol se rendaient coup pour coup pendant ce match qui se terminait par un nul mérité. Comme l’an dernier pour la finale entre Vorarlberg et Marseille, il fallait recourir aux prolongations pour départager les équipes. le règlement ayant changé à cet égard, le but en or devenant en argent, en cas d’évolution du score pendant la prolongation, il faut laisser finir la mi-temps pour déterminer le vainqueur. C’est ce qui se passa et c’est sur un score de 5-4 que les Russes remportaient leur titre de championnes du monde 2014. Cette équipe de Russie a montré pendant ces deux jours de compétition d’indéniables qualités et il faut espérer qu’elle puisse revenir défendre son titre l’an prochain. Cette nouvelle règle du but en argent est moins traumatisante pour le perdant en lui laissant une chance de recoller au score, quant au gagnant, elle lui demande des qualités mentales encore meilleures.
Cette médaille de bronze pour le CAH Clermont-Ferrand est une bonne performance. Il est sûr que les Clermontoises pouvaient prétendre à mieux mais les deux autres marches du podium sont occupées par des équipes d’un bon niveau international. Il reste désormais à se servir de ce résultat favorable pour progresser dans les compétitions futures.
La participation française dans l’épreuve masculine n’allait pas offrir le même visage. Les neufs équipes engagées étaient réparties sur sept nations. Deux clubs autrichiens dont le Tirol organisateur et Linz comme représentant du championnat national, deux formations belges dont Waasland en tant que champion d’Europe en titre et Bruxelles comme représentant du championnat. On trouvait aussi l’équipe nationale de Russie, Landshut représentant l’Allemagne, Trento champion d’Italie, Bâle champion de Suisse et pour Handisport, l’ASSHAV Poitiers.
Dans ces 9 clubs, les quatre qui avaient participé aux demi-finales de la Coupe d’Europe 2013 à Anvers (Belgique) se retrouvaient avec une envie certaine de revanche ou de confirmation. Comme pour les féminines, un tour de qualification qui faisait se rencontrer toutes les équipes devait amener les quatre meilleures en demi-finale. Ce tour de qualification se jouait du samedi matin au dimanche midi.
La plus grande des difficultés de ces qualifications consistait à surmonter le manque d’entraînement du fait de la date bien avancée de cette compétition dans la saison. L’équipe qui a démontré ce manque de préparation sur l’ensemble de la compétition est le club belge de Bruxelles. Certes, cette équipe était diminué par l’absence de l’un de ses joueurs principaux, mais elle passait à côté de tous ses matchs sans emporter le moindre point. La Russie, quant à elle, faisait preuve d’inexpérience et la jeunesse de son effectif ne parvenait pas à modérer ce manque d’efficacité offensive et défensive. Il est certain que cette équipe peut progresser car outre sa seule victoire contre les Belges de Bruxelles, elle n’a pas enregistrée de réelle sévère défaite. La troisième équipe qui n’a pas tenu la route dans ces qualifications, ce sont les Autrichiens de Linz. A part les deux victoires conte les deux derniers déjà évoqués plus haut, l’équipe autrichienne parvenait seulement à arracher un match nul contre les champions d’Europe en titre, Waasland. Ce point perdu d’ailleurs par les Belges aura son importance pour eux dans le décompte final.
Les qualifications allaient donc se jouer entre les six autre équipes. Il faut vite mettre de côté l’équipe du Tirol qui va écraser ces qualifications par une attaque impitoyable et une défense de fer. 8 victoires en 8 matchs, 47 buts marqués soit presque 6 buts par match et seulement 17 encaissés, ce qui fait un tout petit peu plus que 2 buts par match. Ce sont des statistiques qi au niveau international sont extraordinaires. Sur le terrain, cette équipe n’est pas que des statistiques, elle a un jeu difficilement lisible par son adversaire et les défenses se révèlent souvent impuissantes face aux tirs autrichiens à la fois forts et à rebond. de plus, la moindre faute de l’adversaire qui donne un coup-franc est immédiatement convertie en but. Bref, ils étaient nombreux ceux qui voyaient déjà l’organisateur du Tirol sur la plus haute marche du podium.
Lors de cette première journée du samedi, une équipe se mettait en avant par des performances solides. Ce sont les Suisses de Bâle qui après 6 matchs occupaient la deuxième place du classement n’ayant perdu que contre Tirol et pensaient bien pouvoir conclure le lendemain matin leur qualification. Au soir de cette première journée, Poitiers prenait la troisième place mais était talonné par Landshut, Waasland et Trento. A l’inverse de l’année dernière où le carré final était déjà connu le samedi soir, cette édition 2014 devait connaître un dimanche matin décisif où les calculettes ont fonctionné à plein.
Dans une compétition sur deux jours, la seconde journée ne resemble pas toujours à la première et est souvent plus difficile. Cela allait une nouvelle fois se démontrer à Innsbrück. Tout d’abord, Bâle perdait ses deux derniers matchs et notamment l’un contre Poitiers. Cela permettait aux poursuivants de revenir. Ainsi, les italiens de Trento qui étaient les plus mal placés la veille pour le dernier carré, en gagnant leurs deux dernières rencontres parvenaient à doubler les Suisses sur le fil. Le champion d’Europe en titre, Waasland, en gagnant contre les Russes revenait à la hauteur de Bâle mais en perdant sévèrement 7-1 contre le Tirol commençaient à regretter ce point perdu la veille contre Linz. Enfin, les Allemands de Landshut après avoir perdu leur premier match du dimanche contre Tirol, gagnaient contre Linz et surtout infligeaient un cinglant 10-2 à Bruxelles qui allait tout changer. En effet, les Allemands se retrouvaient à égalité de points avec Bâle et Wassland.
Ainsi, en fin de qualifications, on trouvait largement en tête Tirol avec 16 points en 8 matchs. Derrière, l’ASSHAV Poitiers prenait la deuxième place après un parcours de bonne facture. En effet, les deux matchs gagnés du matin détachaient les français avec 12 points de la meute des poursuivants. A la troisième place venait se placer Trento qui faisait un retour inespéré. Enfin, pour la quatrième place, trois équipes se retrouvaient à égalité de points. Il fallait en passer par la différence de buts et là, grâce à son gros score contre bruxelles, landshut avec +9 prenait le meilleur sur Bâle et Waasland tous les deux avec +3. C’était la première grande surprise de cette édition 2014, Waasland le champion d’Europe 2013 et vainqueur de tant d’autres trophées internationaux, se voyait éliminé. La route pour le Tirol était encore plus dégagée !
Les demi-finales devaient donc opposées Poitiers à Trento et Tirol à Landshut. Pour les Poitevins, cette retrouvaille avec les Italiens de Trento était l’occasion d’une seconde manche après cette troisième place perdue l’an dernier au but en or. Cette année, Poitiers avait fait de meilleures qualifications, ne perdant que deux matchs contre Tirol et waasland. Si la défense poitevine était toujours efficace en finissant deuxième meilleure défense des qualifications derrière Tirol, l’attaque restait très en-dessous des standards européens. La veille, Poitiers avait battu Trento 3-1, ce qui demeurait encourageant.
Mêmes si tous ces points positifs donnaient un avantage à l’équipe de la Vienne, cette demi-finale se révéla à sens unique. Une entame de match à l’avantage des Italiens donnait le ton. Dès leur premier tir, les Italiens marquaient le premier but. Un deuxième but italien arriva également très vite sur un tir silencieux et fort qui déborda la défense française. Cet écart de deux buts s’il était problématique ne scellait pas pour autant le match. Les Poitevins sont déjà revenus d’un tel score et surtout l’an passé contre cette même équipe. C’était sans compter la faute d’arbitrage qui mettait la tête sous l’eau à l’ensemble de l’équipe de Poitiers. Le terrrain à côté se met à applaudire, les Italiens tirent et la défense poitevine ne bouge pas, c’est le troisième but. S’il y a bien un aspect au Torball où les joueurs peuvent donner leur avis, c’est le bruit et il est indéniable qu’il y a eu gêne. Mais l’arbitre n’a rien voulu « entendre » dans tous les sens du terme et le but est resté valable. Il s’agissait toujours de la première mi-temps et un retour pouvait encore être envisagé. Mais c’était sans compter un manque flagrant de ressources mentales de la part des Poitevins et d’une carence offensive notable. Ce sont au contraire les Italiens qui aggravent le score en deuxième partie de match et Poitiers ne parvient qu’en toute fin de rencontre à réduire le score.
Dans l’autre demi-finale, il s’est passé un événement qui nous échappe. Tous les français se trouvaient naturellement côté Poitiers-Trento et n’ont pas vu ce match Tirol-Landshut. Pourtant il aurait été bien de le voir … Comment une équipe qui écrase la compétition par son attaque et sa défense peut-elle perdre 0-4 contre un club qui s’est qualifié de justesse ? Cela demeure encore un grand mystère et les Tiroliens doivent encore se poser la question. Pourtant ce sont bien les Allemands qui se qualifient pour la finale. On se retrouve donc avec les deux finalistes de l’an dernier éliminés et avec une finale inédite bien que Landshut ait remporté bon nombre de titres européens.
Le match pour la troisième place opposait donc Tirol à Poitiers. Les Poitevins abordaient cette confrontation avec envie car le désir de médaille était encore bien présent. Une entame de match de Poitiers aussi catastrophique que contre Trento allait vite remettre les pendules à l’heure. En face, c’est Tirol et l’organisateur avait décidé de ne rater qu’un match. Sur le premier tir poitevin, la première faute du match et bien sûr le premier but autrichien. Poitiers résiste mais Tirol appuie irrémédiablement là où cela fait mal. La moindre faute est transformée en but et les attaquants autrichiens s’en donnent à coeur joie. Bref, le score enfle jusqu’à 2-5 pour Tirol qui pourtant se relâche un moment. Poitiers en profite pour recoller au score et croit enfin à sa chance. Mais le match ne bascule pas et bien au contraire les Autrichiens finissent d’enfoncer le clou pour passer de 5-5 à 5-8. Il est clair qu’en deux matchs, l’ASSHAV Poitiers a montré ses limites sur une compétition de deux jours. Quand le mental ne parvient plus à compenser un déficit physique et une attaque déficiente, il devient difficile d’assurer un résultat.
Autant l’an passé, Poitiers n’était pas passé loin de la médaille de bronze, autant cette année, le podium restait innaccessible en produisant de telles prestations quand on arrive sur la phase finale. Il y a toujours des regrets mais ils portent plus sur la manière que sur les résultats. Il y a comme un goût de gachis suite à des qualifications bien maîtrisées !
La finale masculine va être sérieusement disputée. Trento a toujours été devant au score et Landshut a tout fait pour se rapprocher mais n’est jamais réussi à passer devant. Cette édition 2014 a l’avantage de nous présenter un nouveau champion du monde qui obtient son premier titre : Trento qui l’emporte 5-3. C’est la preuve que la veille, on peut se classer sixième provisoire des qualifications et finir le lendemain sur la plus haute marche du podium. Dommage pour les Allemands de Landshut de ne pas avoir réédité leur prestation contre Tirol, cela aurait certainement plus gêné les Italiens.
Cette finale inédite mettait un terme à cette coupe du Monde et d’Europe 2014. Il demeure inquiétant que le plateau européen ne se renouvelle pas plus. On retrouve encore trop les mêmes clubs avec des joueurs qui vieillissent et seule la Russie semble pouvoir nous proposer des formations avec des jeunes plein de promesses. Le règlement IBSA 2014 n’a pas bouleversé les techniques de jeu et il reste toujours autant d’interrogations sur les défenses illégales qui ne sont pas sifflées de la même manière en internationale en fonction de l’arbitre ainsi qu’une interprétation française trop stricte par rapport à la position internationale. Ce sera certainement l’un des travaux de notre prochaine saison nationale 2014-2015.
Félicitations au club du CAH Clermont-Ferrand et à ses joueuses et encadrement pour ces médailles de bronze !