La 23ème coupe d’Europe des clubs champions de Torball s’est disputée ces samedi et dimanche 9 et 10 novembre 2013 à Anvers (Belgique). Côté français, des résultats plutôt satisfaisants surtout au regard de cette belle deuxième place du club de Marseille. Mais un point commun relie nos deux équipes féminine et masculine, c’est ce but en trop ou but en or qui aurait pu donner un bilan bien meilleure !
L’épreuve féminine regroupait sept équipes venues de 6 pays différents. Nos championnes de France 2013 commençaient bien mal la compétition en concédant deux défaites d’affilée. Certes, l’une des deux était face aux « ogresses autrichiennes » de Vorarlberg qui non seulement étaient tenantes du titre mais en plus participent chaque année depuis 2000 au moins à la finale en ne l’ayant perdu que trois fois, par contre, l’autre était face aux Italiennes de Bolzano qui étaient largement à leur portée. Heureusement les Marseillaises se reprenaient pour conclure la première journée sur trois victoires faciles face aux autres autrichiennes du Tirol, des Suissesses de Heidiland et des Allemandes de Langenhagen.
A l’issue de cette première journée, seules les Autrichiennes de Vorarlberg qui ont réalisé un sans-faute se voyaient déjà qualifiées pour les demi-finales. Derrière, marseille avec ses premiers faux-pas, devait pour assurer sa qualification remporter son ultime match le lendemain matin. Le dimanche, cette victoire contre les Belges de Mol survenait logiqmeent bien que le Tirol et Bolzano en ne parvenant pas à se départager avaient déjà offert aux Marseillaises leur place en demi-finale. Cette victoire permettait cependant au club phocéen d’obtenir la deuxième place des qualifications et ainsi d’éviter la confrontation avec Vorarlberg.
Les demi-finales n’offraient qu’un maigre suspense. D’abord, Vorarlberg se débarassait des Italiennes de Bolzano par un sévère 12-1 qui nous laisse rêveur sur le niveau européen. Ensuite, les Marseillaises concluaient victorieusement leur opposition face aux belges de Mol par un 4-2 bien maîtrisé et en toute logique. Ce sont les Belges qui s’assuraient la troisième marche du podium dans un match à sens unique qui s’achève par un 7-0 où les Italiennes n’auront jamais pu hausser leur niveau de jeu. Heureusement que la finale qui se préparait allait offrir un tout autre spectacle.
Il fallait être Marseillais, mais aussi français, pour voir une autre issue que celle proposée par les statistiques. Dans les quinze dernières années, en autant de finales, seules Dortmund, l’AVH Paris et Vérone ont réussi à battre les Autrichiennes de Vorarlberg et les empêcher de s’emparer du titre. En se présentant pour cette finale, Vorarlberg jouait pour aligner son cinquième titre européen d’affilée. Heureusement, l’ASCND Marseille compte en son sein des joueuses de talent et d’expérience qui ne s’inquiètent pas de tel palmarès et savent que sur un match, tout est possible.
C’est pourtant la jeunesse qui menaçait les Marseillaises en début de match. Une défense un peu trop tendre pour des Autrichiennes qui une fois le point faible repéré travaillent l’adversaire sans pitié. Malgré une réplique offensive efficace, les Marseillaises ouvrent le score mais ensuite perdent pied, ne parvenant pas à combler ce déficit défensif. Il y a bientôt un écart de deux buts qui aurait pu s’aggraver si le banc marseillais n’avait pas réagi. Un temps-mort permet à l’équipe marseillaise de se rééquilibrer et de revenir au score. Vorarlberg s’acharne là où cela fait mal et reprend le match à son compte. Mais suite à une faute autrichienne, Marseille recolle de nouveau au score avec un coup-franc bien exécuté et en profite pour effectuer un changement de joueuse afin de mieux répartir les capacités offensives tout en stabilisant une défense un peu flottante. La mi-temps intervient sur ce score de parité, le principal restant à faire.
L’équipe marseillaise rééquilibrée repart en deuxième mi-temps bien plus sereine. Les échanges sont âpres, les offensives s’employant à plein. Les défenses résistent et un véritable bras de fer s’engage entre les deux équipes. Les Autrichiennes semblent même plier devant la pression marseillaise. Marseille finit par prendre l’avantage et une issue favorable devient fortement probable. C’était sans compter ce coup-franc suite à une faute marseillaise qui permettait aux autrichiennes d’égaliser. La deuxième mi-temps se poursuit sur cette domination phocéenne où barre et poteaux de buts viennent sauver le club du bord du lac de Constance. Il est certain que les championnes d’Europe et du monde en titre ont été rarement autant mises sous pression. Les trois coups de sifflet mettant fin au temps réglementaire surviennent en laissant un goût d’inachevé parmi les supporters français.
Cette finale aurait méritée des prolongations entières où les deux équipes auraient pu s’affronter en fonction du temps imparti. mais le règlement voulait que la première à marquer, le but en or, remportait ce titre 2013 de championne d’Europe. Dommage de résumer toute une compétition sur un seul tir alors que deux fois deux minutes nous auraient certainement offert des échanges de haut-niveau tels que nous les avions vécu pendant le temps réglementaire.
Malheureusement, les prolongations ne vont pas se prolonger … deux tirs autrichiens, deux répliques marseillaises et puis, cette contre-attaque meurtrière sur la joueuse de Marseille qui venait de tirer, c’est le jeu, c’est impitoyable mais la défense balbutie le ballon qui passe et roule doucement mais inexorablement vers la ligne de but, la franchit et le titre s’envole !
Certes, une place de vice-championne d’Europe pour Marseille est un excellent résultat mais être passé si près du bonheur est frustrant surtout quand on voit la performance de la deuxième mi-temps où les Autrichiennes étaient prêtes à craquer. De plus, il y a deux ans, Marseille avait déjà perdu au but en or en demi-finale contre cette même équipe de Vorarlberg. Il y a donc bien certaines règles qui pourraient être modifiées ou alors ne pas s’appliquer toujours dans le même sens !
La finale masculine de cette coupe d’Europe si elle n’a pas connu de but en or, ce n’est pas le cas de tous les autres matchs. L’épreuve masculine regroupait 8 équipes venant de 6 pays. Le champion en titre, le BSS Tirol autrichien était accompagné de son compatriote de Linz, alors que l’organisateur belge d’Anvers avait à ses côtés le champion du même pays Waasland. L’Allemagne était représentée par Munich, l’Italie par Trento, la Suisse par Bâle et la France par Poitiers.
Tout comme Marseille en féminin, l’ASSHAV Poitiers débutait sa compétition par une défaite face à Munich. Ce premier match où l’attaque poitttevine restait vierge aurait pu semer le doute au sein des joueurs certes expérimentés mais éloignés des joutes internationales depuis un bon nombre d’années. Dès le deuxième match, contre les Suisses, la victoire française sérieuse et appliquée démontrait qu’il allait en être tout autrement. Le troisième match contre Trento confirmait cet état de fait, les Poittevins ne se laisseront pas faire. Pris à la gorge par des Italiens puissants et rapides, Poitiers fut vite mené 1-4. Le collectif de la Vienne se rebiffait alors. Ainsi avec une défense plus agressive où les attaques italiennes étaient moins subies et des attaques patientes mais résolues, le score était au fur et à mesure réduit, puis retourné en faveur de Poitiers. Ce match gagné 6-4 devint le match de référence quant à la détermination d’un effectif sans prétention particulière mais à la volonté de ne rien gâcher.
Le restant de cette première journée s’achevait sans encombre pour Poitiers. Les deux derniers matchs disputés l’opposait à deux équipes non championnes de leur pays et donc d’un niveau plus faible. Ainsi, la victoire 4-2 contre Linz était acquise à l’expérience sans dépense d’énergie particulière. De même, le match contre Anvers, après une première mi-temps en demi-teinte et quelque peu poussive, était remporté 5-1 suite à un coaching et des remplacements efficaces de la part du club français.
Le samedi soir, avec quatre vitoires et une défaite, Poitiers se retrouvait deuxième provisoire des qualifications et déjà assuré de sa place en demi-finale. le carré final était également connu, les matchs du lendemain ne serviraient donc qu’à déterminer les places qui formeraient les demi-finales. Accompagnaient ainsi l’ASSHAV, Tirol, Waasland et Trento.
L’élimination de clubs comme Munich et Bâle dès la première journé représentait une belle surprise et réhaussait la performance poittevine. Ce qui surprenait le plus les spécialistes, ce sont les cinq défaites enregistrées par les Suisses en cinq matchs.
Le dimanche matin permettait au champion d’Europe en titre, le BSS Tirol Autrichien de passer de la quatrième place à la première des qualifications et donc aborder plus sereinement les demi-finales. De son côté, Poitiers remportait de belle manière son premier match du matin contre Waasland. Par contre, lors du dernier match de qualification contre Tirol, les Poittevins s’inclinaient 4-6 sans avoir eu l’impression d’avoir pu faire quelque chose. Ainsi, Tirol premier des qualifications avec 11 points devait rencontrer en première demi-finale Trento, quatrième avec 9 points, alors que Waasland et Poitiers, deuxième et troisième avec 10 points chacun, se retrouvaient pour la seconde.
Ce classement des qualifications montre bien la différence de niveau entre les qualifiés pour les demi-finales et les autres. En effet, trois points séparent le quatrième, Trento, du cinquième, Munich. Ces chiffres révèlent bien ce qu’il a été possible de constater sur le terrain, c’est à dire un niveau international peu probant et quelque peu en baisse.
Les deux demi-finales allaient avoir un déroulement bien différent. La première entre Tirol et Trento comme le matin voyait les Autrichiens dominer les Italiens. Le score quant à lui était bien plus large puisque le champion en titre gagnait 8-4. Dans la seconde demi-finale, la décision va mettre longtemps à se dessiner. Poitiers qui avait remporter le match du matin, ouvrait le score. La suite fut une longue résistance poittevine avec des belges qui cherchaient la faille. L’égalisation survient assez logiquement sur une légère faute défensive poittevine mais suffisante pour permettre au ballon de finir sa course dans les filets. Le match se poursuit où chaque offensive peut faire la différence mais les défenses montent bonne garde. La dernière minute est annoncée et les prolongations semblent inévitables. C’est pourtant sur un tir pas plus dangereux que tous ceux avant arrêtés par Poitiers que Waasland faisait la différence. Ce deuxième but belge arrive à 30 secondes de la fin du match et Poitiers ne pourra plus rien faire. Le seul regret des Poittevins est de ne pas avoir réussi à doubler la mise lors de leur ouverture de score au début du match. mais le sport a donné son verdict, cette défaite envoie l’ASSHAV vers un match pour la troisième place.
Cette possibilité de faire un podium va naturellement motiver les Poittevins qui rencontrent Trento, une équipe qui demeure à leur portée. Tout va bien commencer d’ailleurs puisque Poitiers ouvre le score. Comme pour le match de la veille, les Italiens reviennent rapidement au score et prennent les commandes du match notamment suite à des fautes offensives poittevines. la mi-temps est ainsi atteinte sur une avance de 3-1 pour Trento. Les français sont alors sûrs qu’un retour reste envisageable.
La deuxième partie de match va tourner en faveur des Poittevins. Tout d’abord, un pénalty une première fois mal négocié est donné à retirer suite à une défense illégale italienne. Cette fois bien mieux tiré, ce pénalty se transforme en but permettant la réduction de l’écart au score. Poitiers maintient sa pression offensive tout en restant vigilant en défense. Un frisson passe dans le camp des supporters français quand une faute offensive poittevine donne aux Italiens un pénalty à tirer. La chance et la maladresse ont voulu que ce tir soit en dehors des limites du terrain. Poitiers n’avait pas encore perdu. Surtout que les efforts des Poittevins finissaient par être récompensés par une égalisation méritée et qui arrivait au bon moment. Le retour au score était réalisé mais aucune des deux équipes ne parvenait ensuite à faire la différence. les prolongations devenaient inévitables.
Ces prolongations étaient intenses et fortement disputées. Le temps s’écoulait, les défenses prenaient le pas sur les attaques et rien ne se passait. La dernière minute était annoncée et une séance de pénaltys semblait être la seule issue de ce match. Les trentes dernières secondes étaient bien entamées, un tir italien dont le départ n’est pas entendu, une défense poittevine qui plonge en retard, le ballon qui se propulse dans les filets et un podium qui s’effondre.
Voilà donc la seconde équipe française du jour à se faire battre au but en or. Moins cruel que celui de nos féminines marseillaises car intervenant plus tard dans les prolongations et sans être en or, il n’aurait pas été moins décisif, son effet est autant frustrant sur l’impression d’inachevé qu’il laisse derrière lui. Quand on passe si près du succès en partageant le combat des meilleurs, il est difficile de se satisfaire d’une quatrième place, même si celle-ci n’a rien d’infammant.
La finale masculine opposait deux équipes qui se connaissent par coeur depuis des années. Pour tout dire, on assistait ce dimanche à la quatrième finale d’affilée mettant face à face Waasland et Tirol. sachant qu’en 2008, à Lyon, une cinquième finale de ce type s’était déjà déroulée, on pouvait tirer la conclusion que waasland remportait les finales européennes, années impaires, et que le Tirol se sublimait uniquement pour les coupes du Monde, années paires, sauf en 2005. En termes de palmarès, depuis 2000, les Belges de Waasland comptent deux titres pour cinq finales alors que les Autrichiens du Tirol enregistrent 4 titres pour 7 finales.
Sur le terrain, ce fut une finale bien disputée, le Tirol marquait en premier mais Waasland finisssait par imposer son jeu et sa défense redoutable fermait la porte aux offensives autrichiennes. Au final, les Belges remportent leur second titre européen par 3-2. La Coupe d’Europe était organisée en Belgique, le bocal masculin restera en Belgique. Le doublé féminin/masculin n’était pas loin pour le Torball autrichien.
Outre la déception d’un niveau international en baisse et particulièrement disparate chez les féminines, il faut également signaler une organisation qui était loin d’avoir le standing d’une compétition internationale officielle, surtout l’épreuve devenue malheureusement la plus importante pour le Torball international. Un seul exemple réside en ce manque de ballons officiels au moment du début de la compétition, qualifié d’histoire belge par certains participants. Même si l’on peut en sourire, ce défaut de sérieux dans la préparation d’une telle manifestation ne laisse pas une grande dose d’optimisme pour l’avenir de notre sport.
On peut par contre se féliciter de nos représentants français qui auront porté au mieux les couleurs de notre Torball national. Une mention particulière pour nos féminines avec leurs médailles d’argent, teintées or ! Vous pouvez retrouver tous les scores des matchs et classements de cette Coupe d’Europe à la rubrique « Résultats ».