Yzeure : le Torball en compétition avec une autre vision

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En cette période estivale sans compétition, ni résultats, il est bon de revenir sur des clubs ou structures, hqui se sont développés autour du Torball avec des buts bien spécifiques. Il y a souvent derrière des personnes extrêmement motivées et un travail énorme. Il est temps que nous leur adressions toute notre reconnaissance et notre respect pour leur approche de notre discipline collective.

Il est important que ces acteurs s’expriment directement pour que leur message demeure intact. C’est pourquoi, nous vous proposons pour ouvrir cette rubrique, le témoignage recueilli à travers un courriel du responsable du club d’Yzeure qui en présentant son équipe certes exprime les difficultés rencontrées mais surtout tout le bénéfice que le torball a apporté à ses joueurs et cadres. Son approche du Torball ne correspond pas à la grande majorité de ceux qui le pratiquent mais demeure d’une part respectable et d’autre part d’un esprit sportif à toute épreuve.

« Je suis entraîneur torball et éducateur spécialisé depuis plus de 20 ans, auprès de déficients visuels avec handicap associé. Nos torballeurs sont essentiellement issus d’un foyer occupationnel. C’est le seul club de France avec cette caractéristique.

Avec mon collègue, nous avons créé ce club, car le torball qui était le seul sport collectif pour déficients visuels, permettait une ouverture sur l’extérieur. L’objectif était d’éviter l’enfermement inéluctable pour des personnes avec un tel handicap et vivant dans une institution.

Par ailleurs, le torball sollicite la coordination des gestes, l’équilibre, le calcul stratégique et donc constitue un stimulant intellectuel de choix et de lutte contre le vieillissement.

Cela nous permettait aussi de travailler la socialisation et le développement de l’autonomie dans les déplacements. En outre, notre relation avec nos résidants du foyer était nettement plus performante, car nous n’étions pas qu’éducateurs, mais entraîneurs et partagions des moments de vie intenses dans les divers championnats.

La difficulté était de les faire parvenir :
1° à un niveau d’entraînement capable de les faire jouer dans les compétitions ;
2° de développer leur autonomie pour nous permettre de faire les déplacements.

Cela demande beaucoup de travail pour des progrès minimes. Mais que de joie en voyant les résultats. Nous n’irons jamais en D1, ça nous le savons. Mais notre équipe peut se mesurer à des D1. Si l’aspect compétition n’est pas ignoré, il n’est pas au premier plan. C’est l’épanouissement qui prime. Nous avons réussi à opérer dans notre équipe un mélange calculé entre joueurs résidants du foyer (et donc avec handicaps associés) et joueurs extérieurs avec uniquement le handicap visuel. Ces derniers ayant une personnalité ne cherchant pas « la gagne » en priorité, mais l’entraide. Cela permettant encore plus une action d’intégration.

Nous avons constaté que le torball permettait à nos résidants de s’ouvrir aux autres et entre eux également. Dans l’institution, le résidant ne s’adresse que rarement à un autre résidant. La relation est essentiellement résidant vers professionnel dans une demande d’aide, et professionnel vers résidant. Sur le terrain de torball, l’autre résidant est obligé d’exister, car il s’agit d’un jeu d’équipe qui force ainsi la relation, l’attente de l’autre, le « faire et réussir » ensemble. La notion d’équipe s’est d’ailleurs intégrée petit à petit dans leur esprit. La relation entre eux et la demande d’aide entre eux se sont fortement développées. Leur maturité a également beaucoup progressée. Nous sommes dans une relation d’égal à égal rejettant ainsi les attitudes de retrait.

Pour les entraînements, j’ai fait une formation d’entraîneur. Mais il m’a fallu tout adapter, innover. Car tout était très difficile, compte tenu de leurs difficultés et du manque d’aptitude physique. Il fallait également faire très attention à la sécurité. Aussi bien dans la mise en place des protections que dans les attitudes de défense. Pareil pour les tirs ; il fallait faire preuve de beaucoup d’imagination pour trouver le déclencheur permettant un tir correct, efficace, et pourtant ne pouvant vraiment égaler le tir des adversaires.

Il s’agit d’un travail à long terme. Mais très gratifiant.

Voilà en concentré, ce que je peux dire sur la démarche de notre club. »

Joël MEYER (Responsable torball de l’Association Handisport Yzeure)

Pour avoir vécu et vu les premiers pas de cette association dans le Torball et son championnat, de ne pas nécessairement y avoir cru, mais en constatant les progrès réalisés sur le terrain et tout le travail effectué, je ne peux exprimer qu’une réelle admiration pour les résultats d’une pratique non compétitive mais pourtant si bénéfiques pour un public qui à l’origine n’avait pas vocation à partager les valeurs d’un sport collectif et à assimiler les contraintes d’une compétition officielle.